Inclusion en lycée Professionnel

Atelier de pâtisserie entre adultes du GRETA et élèves ULIS

Organisation d’un atelier inclusif sur le thème des macarons

Lorsque des apprenants adultes du GRETA (CAP cuisine) accueillent les élèves du dispositif Ulis en atelier.

Lycée Chaptal Quimper

L’initiative est partie d’une situation hasardeuse, lorsque les deux groupes (Adultes de la formation GRETA et élèves du dispositif Ulis) évoluaient sur des productions similaires dans deux ateliers contigus (Productions de gâteaux Forêt Noire pour les apprenants du GRETA et bûches « façon Forêt Noire » pour les élèves du dispositif. Une coïncidence que nous n’avions pas du tout programmée ! Une décision est improvisée de rapprocher les deux groupes en fin de séance afin de faire une synthèse commune et de permettre aux élèves et apprenants de se présenter mutuellement les réalisations. L’échange est bref par manque de temps mais sympathique et enrichissant pour tous, laissant planer une sensation « d’inabouti » pour laquelle une solution palliative devait être mise en place. Rapidement, les élèves et apprenants nous laissent entendre l’envie de renouveler ce rapprochement.

Organisation d’un atelier inclusif sur le thème des macarons

Les macarons réalisés

Objectifs :

Permettre, le temps d’un atelier, l’inclusion d’élèves en situation de handicap au sein d’un public d’apprenants adultes. Proposer aux adultes de la formation Greta de se confronter à une démarche inclusive, d’en comprendre les enjeux et les contraintes, de déléguer un travail de manière anticipée auprès d’un public sensible !

Thème choisi :

Pour son caractère récréatif et parce que les compétences mises en mouvement peuvent répondre à des objectifs cohérents, c’est un atelier macaron qui est retenu. Ce choix fait appel à des techniques cohérentes et ambitieuses pour les apprenants du CAP et laisse place à une participation active des élèves du dispositif Ulis.

Préparation et anticipation du projet :

Ce n’est pas tant la préparation technique de la recette qui fera l’objet principal de notre anticipation en amont de l’atelier, la démonstration de la recette par l’un des animateurs sera suffisante pour être dupliquée par la suite. Nous tenions par ailleurs à mettre les apprenants et les élèves sur un pied d’égalité sur le plan de la connaissance technique attendue, des savoirs associés et des gestuelles à acquérir.

Cette préparation était essentielle pour deux raisons : les adultes qui ont pris en charge les adolescents du dispositif Ulis sont eux-mêmes engagés dans un processus d’apprentissage, au moins sur le plan technique. Tous ont eu un parcours professionnel différent, mais ne maitrisent pas plus que les élèves les techniques que nous allons aborder.

La deuxième idée est de les préparer au public qu’ils seront amenés à côtoyer. Ils sont dyspraxiques (troubles de la motricité, pour faire simple, mais c’est en fait plus subtil que cela), dysgraphiques et dysphasiques, certains élèves composent avec des troubles autistiques, d’autres sont confrontés à une déficience intellectuelle, sous différentes formes. Les précautions à prendre et les points de fragilités des élèves devaient être ratissés afin d’assurer le succès de la démarche. Sans vouloir traiter trop finement les situations des élèves en particulier, c’est plutôt par la porte d’entrée des « besoins » spécifiques que nous avons abordé la préparation de cet atelier.

Besoin de calme

Pour ça, c’est un peu raté, les ateliers sont très bruyants, mais il est nécessaire d’avoir à l’esprit que le bruit peut-être une source de stress pour certains élèves, les profils autistiques plus singulièrement. Les bruits peuvent être anxiogènes et susceptibles de provoquer des situations de détresse, voire de crises. L’hypothèse de devoir extraire un élève de l’exposition au bruit temporairement est plus que probable.

Besoin d’espace personnel

Cela s’appelle l’haptophobie (peur du contact physique) et le phénomène peut être courant auprès de notre public (une caractéristique qui n’est pas forcément visible) ; certains élèves peuvent ne pas supporter d’être touchés et encore moins sous l’effet de surprise ! Le respect d’une distanciation systématique peut être le gage d’une prise de confiance plus rassurante pour les élèves.

Besoin de reconnaissance et d’autonomie

Une sensibilisation aux besoins d’autonomie, de reconnaissance et du « pouvoir faire » activement l’action demandée se justifie ! Le souhait de pouvoir procéder aux actions prévues lors de l’atelier avec un minimum d’autonomie est une envie légitime. Il est donc souhaitable de leur donner accès, autant que possible, à exercer les techniques travaillées ensemble. Les élèves du dispositif Ulis en sont très demandeurs.

Identifier les phases qui pourraient représenter un danger pour l’élève doit être une autre de nos préoccupations (verser le sirop de sucre bouillant sur la meringue, par exemple, est un geste qui réclame une synchronisation complexe). C’est une action dangereuse pour la plupart d’entre eux.

L’accès à cette de cette action peut néanmoins être mise en place mais doit être morcelée et les sous actions doivent être réparties :

A titre d’exemple !

  • Actions de l’élève
  • Actions de l’adulte accompagnant
  • Pesée des ingrédients
  • Conseiller, préconiser, contrôler et rectifier
  • Préparation de la cuve du batteur (nettoyer et acidifier au vinaigre)
  • Positionner le sucre dans la russe et verser l’eau tout autour du sucre.
  • Mise en chauffe sur la plaque coupe-feu
  • Verser les blancs dans la cuve du batteur et mise en mouvement Surveillance rapprochée et vérification du positionnement correct de la cuve et du fouet avant allumage.
  • Phase passive, il est demandé aux élèves de regarder à un mètre de distance et de ne pas interférer lors de cette phase risquée. (Graves brûlures probables). Vérification de la montée en température
  • Transfert du sirop de sucre bouillant sur les œufs montés en neige.
  • Macaronage Démonstration et amorce de l’action avant de laisser faire l’élève.
  • Dressage à la poche à douille (pour les élèves en capacité d’effectuer ce geste délicat) Effectuer la démonstration du geste attendu et apporter les préconisations d’usage.

Accorder sa confiance aux élèves, quitte à « sacrifier » l’exigence du résultat dans un premier temps.

Nous sommes dans une démarche pédagogique, pas dans l’exigence d’une réussite irréprochable des macarons.

Les produits finis

Reprendre le relais si l’élève se trouve en difficulté grave, ne pas le laisser s’installer dans une situation d’échec.

Cet exemple duplicable dans d’autres domaines d’activités nous illustre la possibilité de confier une grande partie des actions aux élèves, tout en sécurisant les phases plus sensibles.

Besoin d’accessibilité

La notion d’accessibilité ne peut pas être uniquement l’idée de proposer un ascenseur en lieu et place de l’escalier, une pente douce à 5% ou des rampes de maintient pour ceux qui en ont besoin. C’est aussi s’assurer que les documents pédagogiques, les fiches techniques par exemple, soient adaptées et lisibles pour tous les participants. Les fiches techniques ont donc été adaptées en amont. Les unités de mesure, de coutume rapportées au kilo sont cette fois adaptées au gramme, de manière que les chiffres qui apparaissent sur la fiche technique soient les mêmes que ceux qui s’affichent sur la balance. La liste du matériel a été remplacée par des icônes. Egalement, nous avons pris soin d’établir les fiches en fonction des quantités réelles que les participants allaient produire, un calcul de conversion entrainerait une double tâche anxiogène qui risquerait de mettre la réalisation en péril, entrainant un sentiment d’échec pour les élèves, une situation qui n’est bien sûr pas souhaitable !

Vidéo de l’évènement

Porteurs du projet :

Yann LE GUILLOU – Formateur cuisine – GRETA Quimper Occidentale Emmanuel VAN DAM – PLP Organisation et production culinaire – Lycée Chaptal Quimper

Voir en ligne : Vidéo de l’évènement

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